Fonds ARCH004 - Etienne Lamotte

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Reference code

FR EFEO ARCH004

Title

Etienne Lamotte

Date(s)

  • 1909-2008 (Creation)

Level of description

Fonds

Extent and medium

38 cartons, 7 ml.

Context area

Name of creator

(1903-1983)

Biographical history

Étienne Lamotte est né en 1903 à Dinant le 21 novembre 1903, d’un père versé dans la recherche érudite. Il fit lui-même ses « humanités » au collège Notre-Dame de Bellevue à Dinant. Son premier contact avec Louvain date de cette époque : se destinant à la prêtrise, il entra au séminaire Léon XIII et suivit des études de philosophie thomiste et de philologie classique à dans cette ville, siège d’une célèbre université d’obédience catholique établie depuis 1425. De 1923 à 1925, il prit part aux réunions du Grand Séminaire de Malines, et s’acquitta de son service militaire. En 1926, il fut ordonné prêtre. Il profita d’un voyage à Rome pour compléter sa formation théologique et sa connaissance du sanscrit. Après deux ans d’études classiques et orientales, il fut nommé docteur en Langues Orientales (1929), puis docteur en Philosophie et Lettres (1930). La même année, il fut reçu lauréat d’un concours universitaire qui lui valut de recevoir une bourse de voyage. Il se rendît à Paris pour suivre les enseignements de plusieurs professeurs spécialisés : Sylvain Lévi et Alfred Foucher (sanscrit), Paul Démiéville (chinois), Marcelle Lalou (tibétain), Jean Przyluski (pāli). C’est vers cette même période qu’il commença à suivre l’enseignement de l’indianiste Louis de la Vallée Poussin, lequel lui conseilla de se spécialiser en langues bouddhiques à Paris. ­Étienne Lamotte consacra ses efforts à traduire des textes du Canon bouddhique qui n’existaient que dans des versions tibétaines ou chinoises. Il préparait une thèse de doctorat, les Notes sur la Bhagavad-Gïtâ, publiée en 1929.
En 1932, il rédigea avec Jean Przyluski un article qui parut dans le Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient : "Bouddhisme et Upanisad".
A son retour de Paris en 1932, il fut nommé maître de conférences de l’Université de Louvain. En 1934, il y était nommé chargé de cours. Son enseignement comprenait l’étude du pāli, du sanscrit, du chinois, du tibétain. A cet ensemble linguistique s’ajoutait l’introduction à l’indianisme, l’histoire de la philosophie de l’Inde, ainsi que des éléments de philologie grecque. Il devint professeur ordinaire en 1937.
La vie d’Étienne Lamotte fut marquée par le second conflit mondial. Il fut mobilisé comme aumônier militaire. En mai 1940, un incendie brûla une grosse partie de la bibliothèque de l’Université de Louvain, dont des ouvrages de Louis de la Vallée Poussin, ainsi que le tirage de son ouvrage La Somme du Grand Véhicule d’Asanga. Il en fut réduit, pour réaliser ses travaux de recherches, à sa propre bibliothèque personnelle. Les vicissitudes de l’Occupation ne lui permettaient pas de se rendre à Paris pour consulter les manuscrits tibétains de la Bibliothèque nationale de France. Contraint et forcé par les événements, il abandonna la rédaction du troisième volume de la Somme. Il projeta alors d’élaborer une traduction d’un texte bouddhique, pour lequel il n’existait à l’époque qu’une traduction unique en langue chinoise : le Traité de la Grande Vertu de Sagesse. Il y consacra trente-six années de sa vie. Comme pour les textes qu’il a traduits, Étienne Lamotte renvoyait son lecteur aux sources, et fournissait un état de la recherche sur son sujet d’étude. Le Traité est important, car il comble un vide : l’original sanscrit était perdu. C’est le travail accompli par Étienne Lamotte qui a permis de restituer un savoir et de le sauver de l’oubli, à la manière des savants byzantins et arabes ayant sauvegardé les écrits de la Grèce antique lors du moyen-âge occidental.
Il frôla la mort dans la nuit du 11 au 12 mai 1944 : un bombardement allié dévasta Louvain, et le collège Saint-Esprit, où résidait Étienne Lamotte. Beaucoup de ses collègues étaient morts, et la déflagration avait généré de la poussière qui rendait l’air suffocant. Étienne Lamotte sortit des décombres en respirant avec difficulté, mais vivant. Il ne put que constater les dégâts : les caves étaient en ruines, mais sa bibliothèque était intacte. En 1944 parut le premier volume de la traduction du Traité de la Grande Vertu de sagesse, ce qui coïncida avec le début de la fin du second conflit mondial.
La reconnaissance et la notoriété publique commencèrent en pleine guerre : en 1941, il était fait chanoine honoraire du chapitre métropolitain de Malines. En 1946, l’Académie des Inscriptions et belles-lettres lui décerna le Prix Stanislas Julien pour la traduction du volume I du Traité. La même année paraissait « La conduite religieuse du Faisan dans les textes bouddhiques », article qui se voulait une exploration de contes légendaires.
En 1949 paraissait le second volume du Traité. Ce patient travail de traduction se poursuivit pendant trente ans. Ce qui lui valut d’être fait correspondant (1951) de l’Académie royale de Belgique. La même année, il assura une série de conférences au Collège de France. En 1952, il devint membre d’honneur de l’École française d’Extrême-Orient. En 1953, la médaille du Prix Francqui récompensa ses travaux. Puis, en 1959, il devint membre de la Classe des Lettres de l’Académie royale de Belgique et correspondant étranger de l’Institut de France.
La parution de son travail sur l’Histoire du Bouddhisme indien. Des origines à l’ère Saka9 (1958) lui gagna la reconnaissance de la communauté scientifique : Prix Goblet d’Alviella (1961), Prix du Concours quinquennal belge des Sciences Historiques (1955-1960), il fut nommé membre d’honneur de la Société Asiatique en 1960. C’est encore l’ouvrage par lequel il est le plus connu dans la communauté scientifique des bouddhologues et chercheurs en études orientales. Cette somme de travail encyclopédique a renouvelé la vision du bouddhisme en son temps.
Concomitamment, il fut chargé par la Papauté de participer aux réunions de travail du Concile Vatican II. Sa mission consista à élaborer des textes relatifs aux peuples non-chrétiens. C’est dans ce contexte qu’il joua un rôle non négligeable dans la création - en mai 1964 - du Secrétariat pour les Non-Chrétiens par le Pape Paul VI, ancêtre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
Son savoir encyclopédique l’amena à multiplier ses interventions lors de conférences et colloques : en 1963, il fit des conférences à la School of Oriental and African Studies de l’Université de Londres, dont il devint membre correspondant en 1964. En 1969, il se livrait à des conférences orales à la Fondation Giorgio Cini (Venise), ainsi qu’à l’Istituto per il Medio ed Estremo Oriente (Rome).
En 1962, Étienne Lamotte traduisait un des textes fondamentaux du Bouddhisme mahāyāna : l’Enseignement de Vimalakīrti11, étude relative aux doctrines de la « Voie du Milieu » et du Grand Véhicule.
Les sociétés savantes l’accueillirent parmi leurs membres : élu membre de la Royal Asiatic Society et promu doctor honoris causa de l’Université de Rome (1967), l’Académie chinoise de Hwa Kwang en fit l’un des siens en 1968. En 1969, l’Université de Gand lui décerna le titre de doctor honoris causa. La British Academy (1970) ne fut pas en reste.
Entre 1966 et 1974, il assista aux troubles qui menèrent à la scission de l’Université de Louvain. A l’origine, un mouvement d’opinion réclamait une « flamandisation » de l’enseignement donné à l’Université catholique. Des manifestations menées contre la présence de la Section de la langue française à Louvain amenèrent à un transfert de ladite section en Wallonie, à Bruxelles.
L’Université de Louvain fut scindée en deux ensembles distincts à partir de 1972 : la Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven), située sur le lieu originel à Louvain, en territoire flamand ; et l’Université catholique de Louvain (UCL), située en territoire wallon, à Louvain-la-neuve. L’Institut orientaliste, petit laboratoire de recherche où l’on parlait couramment les deux langues, ainsi que la Faculté de Philosophie et Lettres, fut aussi amené à déménager à Louvain-la-neuve12.
En 1971, il donna des cours au séminaire d’études bouddhiques de l’Université de Göttingen, en lien avec ses amis Heinz Bechert et Ernst Waldschmidt. En 1972, il devint membre correspondant de cette Université. En 1973, on réimprima la Somme du Grand Véhicule d’Asanga13, qui consiste en une traduction et un commentaire d’un texte du célèbre moine bouddhiste gandhârais Aryasanga en version tibétaine. Elle expose la doctrine de l’École bouddhique de Cittamātra.
Avant de prendre sa retraite en 1974, Étienne Lamotte eut la tristesse de voir démanteler son programme d’études bouddhiques. En 1977, sur l’invitation de la Japan Foundation, il fit un voyage au Japon. Il y fut fasciné par ce qu’il vit, et cela confirma son approche du Bouddhisme qu’il avait mené jusqu’à cette date essentiellement en Europe, par l’étude de ses textes fondamentaux.
En 1982, l’Université Kelaniya de Sri Lanka lui décerna le titre de doctor honoris causa. En 1983, la communauté monastique de Siri Kalyani lui décernait le titre d’« expert en Écritures bouddhiques ». Il avait projeté de se rendre sur place. Il décéda quelques jours plus tard.
Étienne Lamotte a légué sa bibliothèque à l’Institut du Hōbōgirin, siège à Kyoto de l’École française d’Extrême-Orient.

Archival history

On possède quelques informations sur la provenance des archives. On distingue deux parties dans le fonds.
La majeure partie du fonds provient de Bruxelles. Étienne Lamotte, en effet, était membre de l’École française d’Extrême-Orient depuis 1952. Mais il n’avait pas d’héritier. Hubert Durt disposait de ces documents dans sa maison de Bruxelles ; mais il s’était installé au Japon, à Tokyo1, où il travaillait comme membre de l’Institut de l’Hôbôgirin. Le frère d’Hubert Durt, -Pierre-, souhaitait vendre la maison bruxelloise de son frère, et était habilité pour le faire.
Une convention de don a été passée entre l’ÉFÉO et la famille Durt en 2014. Ce document, conservé au siège de l’ÉFÉO, et datant du 27 février 2014, précise que « M. et Mme. DURT sont légataires du fonds de Mgr Étienne LAMOTTE comportant notamment des archives et sa correspondance personnelles, et conservé actuellement au domicile de M. et Mme DURT, en Belgique […] La Famille DURT fait don plein et entier à la bibliothèque de l’EFEO de ce fonds d’archives. » L’opération de dépôt a été réalisée en mars 2014.
Au cours de cette opération, on a dressé un inventaire sommaire, simultanément au rapport de mission. On a recensé six cartons contenant des archives déjà très bien ordonnées. Il apparaît que ce classement soit l’œuvre d’Étienne Lamotte, qui était très méticuleux. Aucun document n’a été éliminé.
Une seconde partie du fonds, provient du fonds documentaire « Lamotte » qu’Hubert Durt avait rassemblé à Kyoto. On pense que ce fonds documentaire, -relativement plus petit-, aurait vraisemblablement été constitué entre sa prise de fonction comme membre en 1970, jusqu’en 1996, date à laquelle il accepta « un poste de professeur à l'International College for Advanced Buddhist Studies 2» à Tokyo. C’est un indice supplémentaire de l’importance des documents d’Étienne Lamotte pour les études bouddhiques.

Immediate source of acquisition or transfer

Les archives d’Étienne Lamotte sont entrées à l’École française d’Extrême-Orient. Ce fonds diffère des fonds entrés par la voie ordinaire des versements. Il a été produit par un membre producteur de la structure à laquelle il appartenait. Les archives sont à la fois privées et publiques.

Content and structure area

Scope and content

Les documents constituent une trace de son réseau de chercheurs avec lesquels il tenait une correspondance régulière. Pour son activité scientifique, témoignage de son goût pour la diffusion du savoir et son enseignement, on compte relativement peu de traces : pas de transcriptions des interventions orales ; aucun acte de colloque ; peu de photographies ou autres souvenirs directs. Les cartons d’invitation ne sont pas légion. 
Les documents retrouvés comprennent, à 45% au moins, des lettres, fruit d’échanges réguliers et produits à un rythme soutenu, entre Étienne Lamotte et ses relations.
Le fonds contient aussi des articles publiés dans des revues savantes, des diplômes et documents attestant d’une place de membre dans une société savante. Il nous faut aussi mentionner la place des travaux de traduction : on trouve des cahiers de traductions.

Appraisal, destruction and scheduling

Après un premier examen, il a été décidé de conserver la presque totalité des documents. Les documents montrant les activités d’Étienne Lamotte présentent un grand intérêt pour le chercheur.

Accruals

Le fonds est clos.

System of arrangement

On s’est attaché à reclasser les documents par grande catégorie documentaire : correspondance, travaux de recherches et documents personnels. Élaborer un répertoire numérique en respectant la norme ISAD(G) nécessitait du temps, notamment pour la rédaction d’analyses. Certains dossiers ont fait l’objet d’un classement au moment de leur création, comme certaines lettres et cartes postales rangées en fonction de leur expéditeur.

Conditions of access and use area

Conditions governing access

En vertu de la loi du 6 janvier 1978, relative à la liberté d’accès aux documents administratifs, ces documents constituant des archives publiques, sont communicables de plein droit. En vertu de la loi n° 2008-696 du 15 juillet 2008, ces archives sont communicables sans délai. Elles sont accessibles de plein droit.
La majorité des documents est désormais consultable.

Conditions governing reproduction

Toute reproduction ou publication des documents est soumise à autorisation préalable. Mention recommandée pour une publication : École française d’Extrême-Orient, Bibliothèque de Paris, ARCH004.

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Status

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Dates of creation revision deletion

2020-04-24

Language(s)

  • French

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Sources

Archivist's note

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